LES ÉTOILES

DOCUMENTAIRE/ FRANCE / 2021 / 33 min

Andréa s’entraîne à devenir une idole de pop coréenne. Elise, Fiona, Anna et Léonie se retrouvent chaque samedi pour parfaire leur chorégraphie. Guiliana qui pratique le twirling bâton, passe son temps chez Etienne, dans cette chambre décorée d’estampes de Black Metal. Kathleen rêve lorsqu’elle écoute de la musique. Avec ses amis, ils se préparent pour cette fameuse fête, se prennent en photo, se font des films.

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INTERVIEW DE LA RÉALISATRICE NINA ORLIANGE

Pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours jusqu’à la réalisation des Étoiles ?

Je m’appelle Nina, j’ai 27 ans et je suis récemment diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (EnsAD). Je viens de Poitiers, j’y suis restée jusqu’à mes 17 ans avant de partir pour faire mes études. Je me suis d’abord dirigée vers la photographie et, après une Licence en cinéma, j’ai plus amplement découvert la pratique de la vidéo à L’EnsAD puisque la section dans laquelle j’étais mets en relation les deux disciplines. Les étoiles est le film que j’ai présenté pour passer mon diplôme.

Qu’est-ce qui a motivé votre envie de faire ce film ? Était-ce la rencontre d’un personnage ou un désir plus générale de parler d’une génération ?

Mon souvenir de l’adolescence m’a toujours hanté et a été une véritable force créatrice dans mon travail. Pendant mes années d’étude aux Arts Décoratifs, je me suis de plus en plus intéressée aux mécanismes de représentation de soi. Le simple fait de croiser un groupe de jeunes dans la rue me faisait repenser à tout ça et j’avais envie de partager cette énergie folle qui me contaminait. Faire ce film était en quelque sorte revenir sur les premiers films que je construisais dans ma tête étant ado.

Une grande diversité d’adolescents traverse le film, comment les avez-vous rencontrés ?

Lors de mes premières années à Paris j’avais repéré ces groupes qui dansaient sur le parvis de la Bibliothèque François Mitterrand et j’attendais l’occasion de créer une rencontre avec un ou plusieurs de ces groupes. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Andréa, puis Kathleen et les autres. Et puis, il y avait Guiliana. Je l’avais filmée pour mon premier essai de film dans lequel je suivais un club de twirling bâton à Poitiers, le sien à l’époque. Cinq années plus tard, je la recontactais pour ce premier court-métrage et elle me présentais son petit copain, Étienne.

Comment avez-vous articulé les différents groupes de protagonistes du film. Y en avait-il autant dès l’écriture du projet ? En avez-vous coupé au montage ?

La phase de casting a été assez longue et c’est je pense, celle qui a été la plus déterminante dans le film. Je ne me suis pas vraiment posée de contraintes pour le casting. Je savais juste que je ne voulais pas m’en tenir qu’à la ville de Paris. N’y ayant pas grandi, cela était vraiment important pour moi que cela se retrouve dans le film. Je voulais, ainsi, au moins trois entités pour éviter au maximum les comparaisons entre les groupes. Tout a été assez incertain jusqu’au tournage. D’abord il y avait la pandémie, et puis je ne connaissais ces jeunes que depuis quelques mois, Ils pouvaient à tout moment renoncer au projet. C’était très organique. L’écriture et la production du projet se nourrissaient l’un l’autre sans cesse jusqu’à la fin du tournage. Il y a effectivement beaucoup de choses qui n’ont pas été gardées au montage, ce qui est, je pense, inévitable dans le travail documentaire.

À propos du montage, justement, quel a été la principale difficulté rencontrée ?

Chaque groupe a dans le film son propre mode de représentation. Je me retrouvais alors non seulement avec une matière très dense mais surtout avec des séquences assez différentes dans la forme mais, dans le fond, je sentais qu’il se disait quelque chose de commun. Il fallait donc articuler ces différentes séquences pour les faire communiquer entre elles. C’est ce qui a été je pense le plus compliqué. Finalement, cette étape s’est révélée nécéssaire pour comprendre les réels enjeux qui émanaient du projet.

Si vous en avez établi un portrait plein d’espoir et de sagesse, que diriez-vous des limites de la génération que vous filmez ?

Évidemment, c’est une génération qui a grandi dans une époque différente et c’est toujours un peu déstabilisant de chercher la comparaison avec d’autres générations. Au final je n’ai pas trouvé cela très différent. Les enjeux sont, je dirais, globalement les mêmes qu’il y a dix ou vingt ans, ils ont juste trouvé d’autres recoins. Il y a, certes, les réseaux sociaux qui paraissent être une bête parfois sournoise et indomptable mais pour ce que j’en ai vu, ils s’en sortent vraiment bien. Je n’ai pas eu le sentiment que ce soit « moins bien » d’être ado aujourd’hui et je pense que c’est ce que montre le film aussi.

Quels sont vos projets actuellement ? 

Tout d’abord faire vivre Les étoiles en festival. Comme la sélection du film est une vraie source d’encouragement, j’ai commencé l’écriture d’un nouveau travail en vidéo et qui pourquoi pas, s’exprimera en photographie également.