La Grande Extase du sculpteur sur bois Steiner – Werner Herzog

Allemagne de l’Ouest (RFA) / 1973 / 47 minutes

Synopsis :

Herzog accompagne Walter Steiner sur les quelques jours du championnat 1972 de saut à ski à Planica en Slovénie. Walter Steiner, sculpteur sur bois à ses moments perdus, est une légende de cette discipline. Médaillé d’or à Planica en 72, il n’est cependant pas à la recherche des records, mais juste de l’extase de l’envol. Sa passion pour la simple beauté du geste se heurte cette année-là à la pression du public et des organisateurs qui, eux, attendent de nouveaux records.

“Dans sa quête de l’extase, Werner Herzog trouve en Walter Steiner, un célèbre sauteur à ski des années 1970, un parfait alter ego. Partageant une vision commune du sport et de l’idée d’exploit, ils témoignent chacun à leur façon de la condition humaine dans un état permanent de dépassement. Steiner ne vise pas tant à décrocher des médailles qu’à poursuivre ses “rêves d’aviation”. Herzog, par son procédé cinématographique, étire la temporalité du vol, rendant le ralenti témoin de la beauté du geste, sans délaisser pour autant le motif de la chute, essentielle dans cette ambition jamais rassasiée. Le film prend pour cadre les championnats du monde de 1972 en Slovaquie, pendant lesquels le cinéaste campe un journaliste sarcastique et ironique, prouvant par cette posture que l’enjeu est ailleurs. C’est que la pratique de Steiner est intelligemment ramenée à sa dimension artistique, mise ainsi au même plan que ses sculptures de figurines de bois, tout aussi aériennes. Film matriciel de son œuvre, Herzog documente déjà la possibilité d’un arrachement à la gravité terrestre.”
(Visions du Réel – Tom Bidou)

_

“In his quest for ecstasy, Werner Herzog finds a perfect alter ego in Walter Steiner, a famous ski-jumper from the 1970s. With their shared vision of the sport and the idea of exploits, they both express in their own way the human condition in a permanent state of surpassing one’s limits. Steiner does not so much aim to win medals as to pursue his “dreams of flying”. Herzog, through his cinematographic process, extends the temporality of the flight, in which (enlever the) slow motion bears witness to the beauty of the gesture, yet without abandoning the image of the fall, which is essential in this never satisfied ambition. The film is set during the 1972 World Championships in Slovakia, where the filmmaker plays a sarcastic and ironic journalist, proving through this stance that the actual challenge lies elsewhere. Steiner’s discipline is cleverly brought to its artistic dimension, thus put on the same level as his sculptures of wood figurines, which are just as aerial. In a film that functions like a breaking point in his filmography, Herzog is already documenting the possibility of escaping from the earth’s gravity.”
(Visions du Réel – Tom Bidou)